L'urine comme source d'eau potable et de fertilisants
Les chercheurs de l'Université de Gand (UGent) ont développé une méthode remarquable pour transformer l'urine en eau pure. Au cours du processus, les fertilisants sont également récupérés pour les plantes. De plus, la technique de traitement est favorable au climat, parce qu'elle fait usage de l'énergie solaire.
Les Fêtes de Gand ont, cette année, permis de mener une expérience très particulière. En effet, les chercheurs de l'UGent ont collecté les urines des festivaliers dans le but de la transformer en eau et fertilisants purs. L'urine contient 70 % de tous les fertilisants utiles des eaux résiduaires, même si leur part n'équivaut qu'à 1 % du volume d'eau global. C'est pourquoi il est préférable d'utiliser directement l'urine de la source, avant qu'elle ne soit diluée dans les eaux d'égout.
Selon le professeur Verliefde de l'UGent, ce concept est porteur pour trois secteurs importants. Tout d'abord, les aéroports et les stades de football sont confrontés à des afflux massifs de gens, ce qui peut déboucher sur des problèmes sanitaires. Ensuite, les festivals sont confrontés à des problèmes logistiques, vu les volumes d'eaux résiduaires à traiter. Pour finir, ce sont les pays en développement qui retireraient le plus gros avantage de cette méthode d'épuration innovante. Le déficit d'eau portable et d'engrais disponibles peut, en effet, être résorbé de cette manière. "L'urine d'un être humain peut, sur une année, fournir suffisamment d'engrais pour fertiliser 135 kg de maïs", explique le professeur gantois.
Malheureusement, le concept pâtit d'un problème d'image. Il n'est pas simple, en effet, de faire accepter la méthode à tout le monde, vu le "mauvais goût" dont elle s'accompagne psychologiquement. C'est pourquoi l'UGent démarrera un projet pilote en Afrique du Sud en septembre, dont l'objectif est l'épuration d'urine à grande échelle. Ce sera l'occasion de voir comment la population locale accueille le concept et de vérifier si elle l'accepte.
La brasserie "de Wilde Brouwers" utilise actuellement la technique de traitement de l'Université de Gand. Le brassage de la bière "From Sewer to Brewer" (de l'égout au brasseur) repose sur l'emploi d'eaux résiduaires épurées, provenant de l'Intercommunale IWVA. Il est plus que probable que la brasserie commercialisera l'année prochaine une nouvelle version à base d'urine épurée de sa bière actuelle. La brasserie entend ce faisant démontrer que la diminution du niveau de la nappe phréatique ne constitue pas un obstacle insurmontable pour le secteur brassicole.