Saviez-vous qu’une institutrice belge a sauvé de centaines d’enfants juifs sous l’Occupation ?

26/01/2022

En 1942, la Bruxelloise, Andrée Geulen, travaille comme jeune institutrice dans une école de la capitale. Elle est révoltée par la discrimination exercée parmi ses élèves par le port de l’étoile jaune imposé aux Juifs et davantage encore lorsqu’elle apprend le sort qui attend les juifs déportés, à la suite du rapport du résistant belge Victor Martin sur le fonctionnement du camp d’Auschwitz.

C’est à ce moment qu’elle fait la connaissance, dans son milieu professionnel, d’Ida Sterno, une assistante sociale, qui cherchait une collaboratrice non-juive avec un physique de "type aryen» (carrément le portrait d’Andrée qui est une jolie jeune femme blonde aux yeux bleus, parlant allemand de surcroît) pour la section « enfance » de l’organisation de la résistance belge : le Comité de défense des Juifs (CDJ). Sans hésitation elle rejoint, au printemps 1943, la trentaine de membres que comptait cette section. À partir de là et jusqu’à la fin de la guerre, elle ira chercher des enfants dans leurs familles pour les mettre à l’abri. Cela constitue la partie la plus éprouvante de sa mission car il était très dur émotionnellement d’enlever un petit à sa mère et aussi de convaincre celle-ci de le confier à une parfaite inconnue. Ensuite commence le voyage avec l’enfant vers sa destination : une famille d’accueil, un orphelinat, un internat, ou tout autre lieu susceptible d’héberger des enfants. Elle profitait du trajet pour apprendre à ses protégés leur nouvelle identité, à consonnance bien belge. On estime à 300 le nombre d’enfants dont elle s’est personnellement chargée et à 3.000 celui des enfants qui doivent la vie au CDJ. Jusqu’à la fin de la guerre, « Mademoiselle Andrée » a caché des enfants, conservant des enregistrements codés de leurs noms d’origine et de leurs lieux de cachette. Dès la fin des hostilités, elle s’occupe de réunir à nouveau les enfants et leurs parents et s’engage au sein de l’Aide aux Israélites Victimes de la Guerre (AIGV).

En 1989, elle reçoit le titre de ‘Juste parmi les Nations’ pour avoir refusé la volonté exterminatrice de l’idéologie nazie, de « Mensch de l’année » (2004) et en 2007, au Yad Vashem, le mémorial de l’Holocauste à Jérusalem, celui de citoyenne d’honneur de l’État d’Israël. À Bruxelles, une crèche des Marolles, le quartier populaire du centre-ville, porte son nom.