Pierre Harmel, le sens du dialogue et du respect de l'adversaire
Associé à tous les grands dossiers de l’après-guerre, Pierre Harmel a marqué de manière significative et durable la vie politique belge et internationale. Il avait développé un véritable projet politique, pour son pays, mais aussi pour l'Europe et pour l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).
S’il est né à Bruxelles, le 16 mars 1911, c’est dans la cité ardente de Liège qu’il a passé une bonne partie de sa vie. Docteur en Droit, licencié en sciences sociales et notariat de l'Université de Liège (1933) il se destinait à une carrière professorale.
C’est la mort de son frère, un moine arrêté par la Gestapo et décédé dans un camp de concentration un mois avant la Libération, qui l'amène à la politique, dès 1946.
Rapidement, le député du Parti social-chrétien, devenu ministre de l'Instruction publique en 1950, va prendre une part active dans tous les grands débats.
Parallèlement, Pierre Harmel perçoit la nécessité d'instaurer un dialogue entre Flamands et Francophones. Le centre Harmel, qu'il a fondé, va déposer des conclusions qui aboutiront à jeter les bases du système fédéral et à tracer, en 1963, la "frontière linguistique", une ligne virtuelle coupant le pays en deux et garantissant aux Flamands le respect de leur langue et de leur territoire.
Pierre Harmel devient premier ministre en 1965. Mais la coalition qu'il dirige est divisée et se disloque un an plus tard. Il devient ensuite Ministre des Affaires étrangères de 1966 à 1973, il élabore notamment ce qui restera comme "la doctrine Harmel". Il préconise, en 1967, un ‘Ouest’ fort face au Pacte de Varsovie mais en dialogue avec l'URSS. Il appelle également l'Europe à prendre son sort en main et l'OTAN à passer d'un rôle militaire et défensif à un rôle politique et coopératif. On estime que la visite du chancelier allemand Willy Brandt à Varsovie, en 1970, mais aussi la signature des accords d'Helsinki, en 1975, furent les fruits de cette doctrine.
Aujourd’hui encore, OTAN s’adapte au monde qui l’entoure grâce à l’exercice stratégique OTAN2030, basé entre autres sur le rapport Harmel.
Pierre Harmel s'est aussi beaucoup investi dans l'intégration européenne. Le 22 février 1973, il est nommé ministre d’État et le Roi lui accorde, en mars 1991, le titre de comte, pour lui-même et sa descendance, « pour les services éminents qu’il a rendus au pays ». Il décède à Bruxelles, le 15 novembre 2009, à l’âge de 98 ans.
Photo : OTAN