Lucia de Brouckère, une chimiste qui a marqué la science
Engagée tant auprès de ses élèves qu’auprès des autres citoyens, Lucia de Brouckère a été la première femme belge à enseigner la chimie.
Lucia de Brouckère, fille du célèbre politicien socialiste Louis de Brouckère, nait à Saint-Gilles en 1904. Elle passe une partie de son enfance en Belgique mais lorsque la Première Guerre Mondiale éclate, la famille se réfugie en Angleterre. La petite Lucia y poursuivra ses études. En 1923, suite à son retour en Belgique, elle décide d’étudier la chimie, à l’Université Libre de Bruxelles. La jeune fille est inspirée par Daisy Verhoogen, qui est cheffe de travaux – la fonction la plus haute que puisse occuper une femme à l’époque. En 1927, Lucia obtient son doctorat et reçoit même le prix Stas de l’Académie royale de Belgique pour sa thèse.
Elle ne quitte cependant pas la sphère universitaire. D’abord assistante, elle est ensuite chargée de cours à Gand, puis devient la première femme à enseigner dans une faculté des Sciences en Belgique, et enfin elle enseigne à l’ULB. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, la jeune professeure regagne Londres, avant de revenir dans notre plat pays et d’être titulaire des cours de chimie générale, de chimie analytique et de chimie physique. Lucia chamboule l’organisation du département à l’ULB. Elle veut donner une formation orientée vers les travaux pratiques à ses étudiants, veut faire venir de jeunes professeurs formés à l’étranger, … En bref, Lucia veut faire de ses élèves de bons scientifiques, mais aussi des esprits libres. « On a besoin d’hommes et de femmes qui saisissent toutes les occasions de parfaire et de corriger leurs connaissances. »
Ses recherches lui vaudront en 1953 le prix Wetrems. Elle siège parallèlement au sein de différents organismes, dont le FNRS, la Société belge de Chimie, la Fondation universitaire, et bien d’autres.
Une jeune femme engagée également hors de l’Université
Elle est au premier rang, dans les années trente, de la lutte contre la montée de l’extrême droite et sera la première présidente du Comité mondial des Femmes contre la guerre et le fascisme. Tout au long de sa vie et jusqu’à son décès le 3 novembre 1982, elle défendra la liberté, la pensée démocratique, le libre examen, la reconnaissance de la laïcité et les droits des femmes.
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