Barbara Abel, investigation dans les limites de la folie ordinaire

Le film « Duelles » d’Olivier Masset-Depasse, qui a décroché neuf récompenses lors de la cérémonie des Magritte du cinéma et sera bientôt adapté dans une version hollywoodienne avec  Jessica Chastain et Anne Hathaway, tire son scénario d’un roman de Barbara Abel : Derrière la haine (2012). Un autre de ses romans : Un bel âge pour mourir, paru en 2003, a été adapté pour France 2 avec Marie-France Pisier et Emilie Dequenne dans les rôles principaux. Par ailleurs ses œuvres ont déjà été traduites en différentes langues.

Celle que les médias ont surnommée « la reine du polar belge », est née à Bruxelles en 1969. Adolescente, elle suit des cours de théâtre à l'Académie d'Etterbeek et après une licence en philologie romane à l'Université Libre de Bruxelles elle s’inscrit à l’École d’interprétation du Passage de Paris, puis exerce pour un temps le métier de comédienne. C’est d’ailleurs grâce au théâtre qu’elle arrive à l’écriture, a 23 ans, avec : "L'Esquimau qui jardinait", une pièce montée avec succès à Bruxelles et au Festival du théâtre de Spa. Après un premier roman qui ne sera pas publié, elle écrit divers petits textes qui seront repris dans des revues littéraires, puis deux scénarios de court métrage, elle retente l’aventure du roman et se lance dans l’élaboration d’un  polar. « L’instinct maternel » obtiendra le prix du festival de Cognac en 2002 et sera publié aux éditions du Masque, très vite suivi par d’autres romans policiers : « Un bel âge pour mourir », « Duelle » et enfin « La mort en écho ».

Ce n’est cependant pas dans le genre policier, au sens strict, qu’elle excelle mais dans les romans à suspense, qui allient analyse psychologique et crescendo dans l’effroi. Partant de personnages aux apparences tout à fait normales elle parvient par touches successives à faire monter l’adrénaline en dévoilant les secrets enfouis ou la rupture des barrages de la folie ordinaire qui germeront et s’amplifieront pour en arriver à l’irréparable et à un machiavélisme mené à son paroxysme. Derrière la haine en 2012 et Après la fin en 2013, en sont de remarquables exemples.

Son dernier roman, Et les vivants autour (2020) est un exploit du genre puisque c’est à partir d’une comateuse, qui en constitue le personnage central, que l’auteure parvient à nouer l’intrigue d’un récit délétère.

L’écriture n’est pas son unique talent, Barbara Abel a collaboré à l'émission 50° Nord diffusée sur Arte Belgique et la RTBF.

Photo: © Mélania Avanzato