Le phénomène de cicatrisation mieux compris
Des chercheurs belges découvrent comment se déroule sous notre peau le processus de cicatrisation.
Avec son équipe du laboratoire Cellules Souches et Cancer de l'Université libre de Bruxelles (ULB), le Professeur Cédric Blanpain vient de faire une importante découverte qui ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour le traitement de plaies cutanées chroniques telles que les escarres ou pour améliorer la cicatrisation et la régénération d'autres tissus.
Leur étude parue dans la prestigieuse revue Cell s’appuie sur une observation au microscope en temps réel de tissus en train de cicatriser. Les chercheurs belges ont alors fait la surprenante découverte que les cellules souches passent d'un état solide à un état liquide et de nouveau solide, ce qui permet la cicatrisation.
Comme l’explique le Professeur Blanpain : « Quand on pense à un tissu, tout le monde pense – y compris moi avant de faire cette étude – à quelque chose de solide. Nous avons travaillé avec des physiciens, qui se sont intéressés à ce qui dicte des transitions entre les différents états physiques : solide, liquide et gazeux. En regardant les mécanismes qui se produisent au moment de la cicatrisation cutanée, on s'est rendu compte que ces cellules existaient dans un état qui ressemble beaucoup plus à l'état liquide qu'à un état solide pour un physicien. Elles se trouvaient dans un état plus ou moins liquide, une espèce de gel. » Ce changement dynamique entre état solide et liquide et inversement n'avait jamais été démontré jusqu’à présent !
Les chercheurs belges ont ensuite pu observer ce qui régulait, au niveau génétique, le passage des cellules souches cutanées entre l'état liquide et l'état solide. Et à l’aide de médicaments, ils ont alors inhibé les gènes impliqués dans la cicatrisation de la peau pour maintenir les cellules dans un état fluide, où elles se meuvent sans contrainte. Cette expérience laisserait entrevoir des solutions pour la cicatrisation de plaies chroniques selon les chercheurs car « on pourrait essayer, avec des médicaments qui existent déjà, de fluidifier la plaie pour permettre aux cellules de se disperser pour mieux réparer la peau. Autre possibilité : prendre un médicament qui activerait le retour des cellules souches à l'état solide après fluidification. » complète le Professeur de l’ULB.
De belles avancées médicales sont donc envisageables grâce à cette nouvelle découverte belge