Entre 1885 et 1917, quatre chefs-d'œuvre de l'ingénierie hydraulique en fer ont vu le jour sur le canal du Centre dans la province wallonne du Hainaut, destinés à désenclaver le bassin charbonnier et sidérurgique de Mons et à constituer, en outre, le chaînon manquant du réseau des voies navigables intérieures de Belgique. En 1998, l'UNESCO a déclaré ces ouvrages d'art, patrimoine de l'humanité.
Une certaine connaissance géographique de la région permet de mieux comprendre le sujet. En 1832, peu après l'indépendance de la Belgique, le canal Bruxelles-Charleroi est inauguré. Cette voie navigable a permis un acheminement plus important, plus rapide et moins coûteux du charbon de la région minière du Hainaut vers les villes. Via la Sambre, le canal Bruxelles-Charleroi relie le bassin de la Meuse à l'est. A l'ouest, plus exactement à Tournai, le canal Nimy-Blaton-Péronnes est relié au bassin de l'Escaut. Dès les années 1880, les ingénieurs ont senti une grande opportunité : une traversée rapide d'environ 20 km entre les deux bassins, connue sous le nom de canal du Centre.
Cette courte distance ne présentait à priori aucun problème, mis à part une forte différence de niveau. Sur la section Thieu et Houdeng-Goegnies, à peine 7 km de distance, pas moins de 66 mètres de dénivelé. Les écluses se sont avérées être une solution trop coûteuse, trop longue et trop gourmande en énergie pour franchir cette hauteur. Le choix s'est alors porté sur un ascenseur à bateaux, comme il y en avait en Angleterre depuis 1875. En 1888, le roi Léopold II a pu inaugurer à Houdeng-Goegnies une copie de ce chef-d'œuvre hydraulique de 15,40 mètres de haut, construite par Jean Cockerill (ascenseur n° 1). Les trois suivants, respectivement ceux de Houdeng-Aimeries (n°2), Bracquegnies (n°3) et Thieu (n°4), avaient chacun un dénivelé de 16.93 mètres. Ils avaient chacun une capacité de charge de 300 tonnes. Cependant, il faudra attendre jusqu'en 1917 pour que la nouvelle voie navigable soit terminée.
Depuis 2002, ces structures ne sont plus utilisées que pour la navigation de plaisance. Depuis lors, les marchandises ont été déviées vers l’ascenseur en béton de Strépy-Thieu, de 117 m de haut et 130 m de long, d'une capacité de charge de 1 350 tonnes, sur le « nouveau » canal du Centre. Cet ascenseur comble le dénivelé en une seule fois.