Depuis 63 ans sous les feux des projecteurs avec son répertoire flamand qui s’adapte à l’air du temps, ils sont quatre à cinq générations à l’aimer. La qualité et le professionnalisme ont toujours été présents. C’est la marque de fabrique de Will Tura.
Arthur Blanckaert est né le 2 août 1940 à Furnes. A l’âge de 6 ans, il découvre dans le grenier de la maison familiale un vieil harmonica rouillé sur lequel il interprète un succès de l’époque : Maria van Bahia. Talent musical inné. Walter Richard, un comique professionnel un concitoyen a permis à “Tuurke”, devenu entre-temps un petit gars de 12 ans qui en veut, de pousser la chansonnette et de yodler dans sa revue Cinema Paradisio dans la salle Retroika. Il trouva un nom d’artiste qui sonnait mieux à l’oreille : Will Tura. A l’école, hormis la musique aucune matière ne l’intéressait. Ce n’est qu’au conservatoire d’Ostende qu’il a pu totalement s’épanouir.
Will Tura signe son premier contrat avec une maison de disques en 1957, celle du plus grand éditeur de musique de l’époque: Jacques Kluger. Ses premiers singles, des traductions de succès étrangers n’ont pas su charmer le public flamand. Pendant ses toutes premières vacances en 1962, rêvant à sa belle restée au pays, il griffonne sur quelques sous-bocks, à une terrasse située sur la Croisette à Cannes: les paroles révélatrices et l’intro de la musique de I feel lonely. De retour en Belgique il développe ce thème et en tire le grand succès Eenzaam zonder jou (Seul sans toi), qui fait décoller sa carrière. C’est le premier d’une longue série de 500 compositions personnelles dont une centaines de tubes (Mijn winterroosje, Angelina, Viva el amor, Het kan niet zijn, Aan mijn darling, Verboden dromen, Zonneschijn, Twee verliefde ogen, Hemelsblauw, Vlaanderen, mijn land, Hopeloos …), des dizaines d’albums et des milliers d’apparitions publiques.
A ses débuts, il se produit surtout dans des bals, des chapiteauxou des salles paroissiales et lors de tournées avec un orchestre symphonique. Des mélodies souvent romantiques, mélancoliques, accrocheuses qu’il compose,et qui sont traduites en paroles par ses collaborateurs habituels, arrangées par Steve Willaert et interprétées par son propre orchestre. Lors de ses débuts il a surtout été l’idole des jeunes femmes, aujourd’hui encore, le chanteur-auteur-compositeur draine des hordes de groupies à ses concerts.
Il est notoire que son orchestre possède un lien privilégié avec la famille royale. Cela explique que la reine Fabiola ait demandé à Will Tura de chanter aux funérailles du roi Baudouin, le 7 août 1993. A cette occasion, il a interprété Hoop doet leven, une chanson profonde et sensible ainsi que Ik mis je zo. Une prestation émouvante et impeccable malgré une tension à la limite du supportable. Le 12 décembre 2014, il a encore ému le roi Philippe lors des funérailles de la reine Fabiola.
En guise de révérence? Sur ordre du juge, sa couverture “Formez donc le 797204” a été retirée de la vente aux Pays-Bas, suite à la plainte du directeur d’une firme d’oléagineux, sans cesse importuné par les appels des fans du chanteur qui voulaient parler à Will Tura. En Flandre, il a été minutieusement vérifié à l’avance si le numéro était attribué, ce qui ne semblait pas être le cas.