Un dessin du « Lotus bleu » remporte un nouveau record pour Hergé

20/01/2021

Estimé entre 2,2 et 2,8 millions d’euros, le projet de couverture de l’album des  aventures de Tintin et Milou, le « Lotus bleu » d’Hergé, a été adjugé le 14 janvier 2021, par Artcurial Paris, pour 3,175 millions d’euros. Le résultat de l’enchère en fait l’œuvre de BD la plus chère jamais adjugée et consacre Hergé parmi les valeurs sûres de l’investissement en art moderne.

L’œuvre de 40 cm de côté, réalisée par Hergé en 1936, à l’encre de Chine et à la gouache, montre toute la richesse picturale de son auteur. Le noir profond se heurte au rouge vif du dragon et au bleu lumineux du vase. Le parcours du clou de cette vente aux enchères est à la fois cocasse et dramatique. En 1936, ce projet avait été refusé par Louis Casterman, l’éditeur des albums de Tintin. Celui-ci l’avait rejeté, non pour sa qualité artistique mais pour sa complexité technique, qui l’aurait rendue trop coûteuse à imprimer.  Hergé optera finalement pour la version simplifiée sur fond rouge que l’on connaît à présent.

La vente de cette œuvre par un descendant de Louis Casterman a suscité la polémique dès son annonce. L’histoire veut que Hergé en a fait cadeau à Jean-Paul Casterman, le fils de Louis,  alors âgé de 7 ans, qui l’a précieusement rangé dans un tiroir. Il n’est réapparu qu’en 1981, lorsqu’il a servi de base à une lithographie éditée pour les retrouvailles entre Hergé et son vieil ami Tchang. Mais selon les ayants droit du créateur, ce dessin n’avait jamais été donné mais n’aurait jamais été restitué à son créateur. Cette version des faits n’a cependant jamais pu être prouvée. D’ailleurs à l’époque de la publication de la lithographie, la Fondation Moulinsart, qui gère les droits d’exploitation de l’image de Tintin, n’avait pas tenté de le réclamer. Le nouveau record de prix apporterait-il la réponse aux raisons de cette polémique.