Où sont passés les marchands de marrons grillés bruxellois ?
Jusqu'il y a quelques décennies, chaque année à partir du 2 octobre, la délicieuse odeur sucrée de marrons grillés se répandait dans les avenues centrales et maintes places de Bruxelles. Une tradition gastronomique malheureusement moribonde.
Marie Jacobs était issue d'une dynastie de marchands de marrons grillés. Entre la Bourse et la place de Brouckère, avenue Anspach à Bruxelles, elle vendait la friandise automnale chaude à son étal fixe. Durant un bon demi-siècle, les flâneurs de la capitale y faisaient longuement la queue. Elle exerçait ce métier avec ses six frères et sœurs. Avant eux, c'était leurs parents, neveux et nièces.
La variante comestible du fruit est ovale, assez plate sur le dessus et avec une excroissance blanche en dessous. Elle se trouve dans une bogue hérissée de longs et fins piquants et a un goût de noix. D'abord, on entaille l'écorce. Sinon, le marron ne grille pas, mais explose. Après environ cinq minutes sur la plaque chaude, il est prêt à être consommé. D'ailleurs, si vous vous sentez mal après en avoir mangé un ou deux, vous pouvez jurer les avoir échangés avec un marron d'Inde.
Jusqu'en 1989, il existait encore des marrons bruxellois ou belges provenant de marronniers domestiques séculaires originaires de quelques jardins de ville particuliers. Nous ne savons pas bien pourquoi les arbres de chez nous ont alors renoncé. Le fait est que les marrons italiens sont considérés comme les meilleurs d'Europe. Chez nous, ils se sont emparés du marché. Pour l'une ou l'autre raison étrange, le 2 octobre – et pas un jour plus tôt – est indiqué entre connaisseurs comme la date du coup d'envoi annuel de la vente du marron grillé de bonne qualité. Encore bon à savoir si vous ne voulez pas passer pour un amateur : ne commandez jamais pour x nombre de grammes, mais uniquement un multiple de 7, éventuellement multiplié par 3. Seulement si vous vous éloignez de l'étal avec 7, 10, 14, 17, 21, 24... marrons, vous impressionnerez le marchand. Au moins, si vous y retournez en hiver, par exemple lors d'un festival gastronomique ou avec énormément de chance le long de la voie publique...