Saviez-vous que le premier témoignage des atrocités d’Auschwitz a été ramené par un belge?

25/07/2017

Durant la Seconde Guerre mondiale, Victor Martin, un sociologue belge né à Blaton en 1912, a été le premier à ramener, d'une mission en Pologne occupée, des informations fiables sur le destin des Juifs déportés en Allemagne et le fonctionnement du camp de concentration d'Auschwitz.

Entré dans la Résistance et conscient que sa très bonne maîtrise de la langue allemande était un atout, il s'était proposé pour une mission secrète en territoire ennemi. Sa proposition fut retenue : à la demande du responsable du Comité de défense des Juifs, Hertz Jospa, il fut chargé de se rendre en Haute-Silésie pour enquêter sur le sort des Juifs déportés de Belgique. Il prépara un prétendu projet de « psychologie différentielle des classes sociales », qui fut avalisé par l'occupant et il obtint ensuite de la police de Cologne de se déplacer entre le 4 et le 20 février 1943 entre Francfort, Berlin et Breslau. De Breslau, il se rendit, sans autorisation, par le train à Sosnowitz, où il découvrit l'épouvantable condition des Juifs vivant dans le ghetto. Il y rencontra des Juifs ayant travaillé dans les commandos extérieurs du camp d'Auschwitz, qui lui affirmèrent que les hommes étaient mis au travail dans le camp dans des conditions très dures et que les femmes et les enfants étaient tués et brûlés. Victor Martin se rendit ensuite à Kattowitz, où il rencontra par hasard des ouvriers français qui travaillaient à la construction de l'usine Buna-Monowitz de la société IG-Farben. Ces derniers lui confirmèrent que les femmes et les enfants étaient tués à leur arrivée, mais ils ignoraient comment.

À son retour à Bruxelles, Victor Martin fit un rapport à ses amis résistants du Front de l'Indépendance qui transmirent le résultat de ses investigations à Londres. Ces mêmes nouvelles, diffusées en Belgique incitèrent des Juifs à faire passer leurs enfants dans la clandestinité et à prendre la fuite.