Saviez-vous que le Last Post a déjà résonné plus de 30.000 fois à Ypres ?

02/05/2017

Soir après soir, à 20 heures précises, le trafic est arrêté quelques instants à la Porte de Menin, à Ypres. C’est le moment où l’on peut entendre retentir le son du clairon qui joue le Last Post. Il s’agit à l’origine, au 17e et 18e siècle, d’une sonnerie de l’armée britannique qui indiquait que l’officier de service, qui contrôlait si toutes les sentinelles étaient bien présentes à leurs postes, avait fini son inspection, ce qui marquait la fin des tâches du jour et le début du repos de la nuit. Dès lors, tout n’était plus que calme et silence. Plus tard, cette sonnerie a été utilisée pour rendre un hommage musical aux dépouilles des soldats morts, elle symbolise l’ultime adieu et le début du repos éternel.

Lors de l’inauguration de la Porte de Menin, le 24 juillet 1927, le Last Post fut interprété, en présence, notamment, du roi Albert Ier et du maréchal Lord Plumer. Les Yprois et quelques notoriétés belges avaient été tellement impressionnés par l’émouvante cérémonie qu’ils décidèrent de continuer d’honorer les morts de l’une ou l’autre manière. Le commissaire de la ville de l’époque, Pierre Vandenbraambussche, a alors proposé de renouveler régulièrement l’hommage musical sous la Porte de Menin. En 1928, la Royal British Legion, est revenue à Menin, entraînant dans son sillage tout un lot de veuves, parents et anciens combattants de 14-18. Le 2 juillet résonnait l’air, qui devait être repris quotidiennement jusque fin septembre de cette année. C’est The Last Post Association, l’association yproise qui a vu le jour après l’hiver, au 1er mai 1929, qui a pris les choses en main et les a menées à bonne fin. Depuis, le Last Post a été exécuté plus de 30.000 fois. La cérémonie n’a été interrompue que durant l’occupation allemande de la Deuxième Guerre mondiale. Bien que les Allemands ne l’avaient pas formellement interdit, on n’entendit plus le Last Post entre le 20 mai 1940 et le 5 septembre 1944. Mais dès le soir du 6 septembre 1944, quelques heures à peine après départ des Allemands d’Ypres, qui avait été libérée par des troupes polonaises, un pompier renouait avec la tradition.

Les sonneurs de clairon sont des membres du corps de pompiers volontaires. C’est ‘Dick’ Collick, un Britannique qui travaillait à Ypres, pour les cimetières militaires britanniques, qui a appris aux pompiers à jouer le Last Post. À l’origine, ils portaient leur tenue de travail, avec le clairon dans une main et leur couvre-chef dans l’autre. Cette tenue ordinaire ayant fait l’objet de beaucoup de critiques, elle a été abandonnée au profit de la tenue de cérémonie.

Ces dernières années, la popularité du Last Post s’est fortement accrue auprès des ressortissants du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l’Inde et d’autres pays du Commonwealth et également d’Irlande, qui viennent toujours rendre une visite à Ypres afin d’honorer leurs parents disparus. L’époque où personne ne prêtait attention aux deux clairons et aux agents qui arrêtaient la circulation sous la porte de Menin est définitivement révolue.