Saviez-vous que le compositeur de “L’Internationale” est un Belge?

21/04/2017

 
« L’internationale », le chant de combat du mouvement socialiste, tout le monde connaît. Ce que tout le monde ignore c’est qu’un Belge en a composé la musique en 1888.

Pierre De Geyter est né, en 1848, rue du Chanoine, à Gand. Lorsque son père, ouvrier du textile, perd son emploi en raison de la crise, il déménage avec sa famille à Lille, en 1855. Tant le père que le fils y trouvent un emploi, bien que le travail des enfants est interdit depuis 1841. Pierre devient fabricant de fils dans l’usine de locomotives Fives. À l’école du soir il apprend à lire et à écrire, plus tard à l’académie il apprend également à dessiner, et à partir de 1864 il suit des leçons de musique. Il remporte même le 1er prix pour instruments à vent, il joue notamment du saxophone.

En 1887, Pierre dirige La Lyre des Travailleurs, la chorale socialiste qui a été fondée dans le local La Liberté de la rue de La Vignette par Gustave Delory, le futur maire de Lille. Pierre s’affilie à l’association musicale du Parti Ouvrier Français (POF) lillois avec lequel il fait le tour des quartiers ouvriers, où il joue de la musique lors des grèves, des campagnes électorales,…

En 1888, Gustave Delory demande à Pierre De Geyter de composer un chant de combat pour la section lilloise du jeune POF dont il est le président. Il lui remet le recueil de Chants Révolutionnaires d’Eugène Pottier, un partisan de la Commune de Paris, le gouvernement social-révolutionnaire de 1871. Pierre est chargé d’écrire la musique de L’internationale, créée cette même année. En juillet 1888, L’Internationale de De Geyter est chantée pour la première fois et diffusée sur des feuillets volants, dont le rapport de la vente a renfloué la caisse du parti lillois. Dix ans après Lille, le chant avait conquis la France et ensuite le monde.

Sa qualité d’auteur lui vaut le début d’un tas de misères. Bien que seul le nom de «Degeyter» (en un mot) soit mentionné sur les pamphlets, afin d’éviter la répression de la part des autorités et des employeurs pour conduite subversive, Pierre est reconnu comme le compositeur et renvoyé de son travail. Des problèmes financiers le font déménager, en 1901, pour Saint-Denis, en banlieue parisienne. Il est aussi imbriqué dans un pénible procès avec son jeune frère Adolphe, à propos des droits d’auteur; ce n’est qu’en 1922 que l’affaire sera tranchée en sa faveur. En outre, lors du procès, Delory a choisi le camp d’Adolphe! Ensuite, Pierre est devenu communiste et sa musique sombre dans l’oubli. Il travaille, dès lors, comme allumeur de réverbères de la commune de Saint-Denis.

Entre-temps, L’Internationale est devenu le chant populaire de l’Union soviétique. À 79 ans, Pierre est invité d’honneur et assiste à la commémoration du 10e anniversaire de la Révolution d’octobre, depuis la tribune de la Place Rouge, à Moscou. Lorsque son chant de combat retentit, les larmes lui coulent généreusement sur les joues.   

En 1932, Pierre De Geyter décède à Saint-Denis où il sera enterré. En 1999, sa ville natale de Gand lui décerne une statue dans la cour avant du Musée de l’Industrie, du Travail et du Textile (MIAT).