Saviez-vous que Charles Quint est né à Gand?

30/04/2020

La Flandre, la Bourgogne, la péninsule ibérique, les colonies espagnoles et le Saint Empire romain germanique formaient ensemble un empire "où le soleil ne se couche jamais". L'empereur Charles Quint, né en 1500 dans le Prinsenhof de Gand , régnait sur ce vaste empire. Mais il n'était guère apprécié des Gantois.

Dès le XIIe siècle, l'imposant château-fort de Hof ten Walle (littéralement la « Cour des princes aux Walles ») s'élevait dans un des méandres de la Lieve à l'endroit qui s’appelle maintenant Prinsenhof. La place forte comptait 300 chambres, chacune avec sa propre cheminée, ainsi que six tours dont une avec une verrière dans sa toiture. Ces luxueux bâtiments entouraient une cour. Il y avait aussi un enclos à lions, sorte de zoo médiéval. Hof ten Walle servit successivement de lieu de résidence aux comtes de Flandre, aux ducs de Bourgogne et ensuite  aux Habsbourg.

Le 24 février 1500, l'un des plus grands princes de son temps y est né : le futur empereur Charles Quint. Depuis lors, le château s'appelle Prinsenhof. C’est de ce lieu que l'enfant a été emmené en procession festive sous des arcs de triomphe jusqu'à l'église Saint-Jean, future cathédrale Saint-Bavon, pour y être baptisé. A l’occasion de cette cérémonie, des funambules se balançaient entre l'église et le clocher à la lueur des torches enflammées. Toutes sortes de spectacles avaient lieu et des pièces d'or jetées abondamment à la foule sur ordre du père de l’enfant, Philippe le Bon. Ce dernier et son épouse, Jeanne la Folle, recevaient des mains du conseil municipal de Gand de magnifiques offrandes comme un bateau en miniature, un casque en argent, une épée en or, un casque en or serti de pierres précieuses, une coupe en or ornée de perles et de diamants et une précieuse bible reliée.

Quarante ans plus tard, un autre cortège est parti dans la direction exactement opposée. En 1540, un grand malaise se fait sentir lorsqu’on constate que les caisses de la ville sont presque vides. L’empereur Charles Quint exige de lourdes contributions de ses sujets. Mais les Gantois refusent de payer. Des mouvements de grèves et des émeutes éclatent alors. 500 représentants émanant du conseil municipal, des artisans et aussi du peuple décident de défiler dans la ville pieds nus en tenue de prisonnier. Cinquante d'entre eux furent arrêtés etem menés de force, avec la corde au cou car méritant la potence, au sein du Prinsenhof pour s'agenouiller devant l'empereur Charles, sa sœur Marie de Hongrie entourés de leur splendide cour, pour y implorer le pardon. Les Gantois portent d’ailleurs toujours aujourd’hui le sobriquet bien connu de « stroppendragers » (littéralement les « porteurs de cordes ».

En 1648, une partie du Prinsenhof est devenu une possession de la ville de Gand, qui y a établi des écuries et des casernes. Plus tard, les lieux ont été transformés en raffinerie de sucre, en savonnerie et en filature de coton. Aujourd’hui, le seul vestige restant est la "Porte des ténèbres", l’ancienne porte d'entrée nord du parvis, et sur laquelle une plaque de cuivre a été apposée avec une carte de l'ancien Prinsenhof et les noms des Gantois qui ont été décapités ou brûlés sur le bûcher à l'époque.

© Photo Visitflanders/L. Aerts