Sabena, «Vous êtes en de bonnes mains!»

02/03/2018

La Sabena a été l'un des emblèmes de la fierté belge, qui s'exportait dans le monde entier. Fondée en 1923, la Sabena (Société Anonyme Belge d’Exploitation de la Navigation Aérienne), est la 3e plus vieille compagnie aérienne du monde, juste derrière KLM (Pays-Bas) et Avianca (Colombie) créées en 1919. Elle fait ses débuts à l’aéroport de Haren (au nord-est de Bruxelles), puis part à la conquête du monde avec le lancement d’une flotte aérienne constituée d’appareils militaires reconvertis en transporteurs civils, qui sillonnent l’Europe (liaisons Bruxelles-Londres et Bruxelles-Paris) mais aussi la colonie du Congo (ouverture d’une section Léopoldville-Stanleyville). Mais il s’agit de « coucous » du début de l’aventure aéronautique construits comme des boîtes d’allumettes, qui remuent tant en l’air, qu’on y est malade une fois sur deux. Ils sont si bruyants qu’à l’intérieur il faut se boucher les oreilles avec du coton. Les cabines ne sont pas étanches, le chauffage inexistant. On y grelotte et de plus, quand les appareils se posent sur les terrains détrempés, on reçoit de la boue qui gicle de partout.

Après un an et demi d'existence, la Sabena liquide son matériel de récupération d'après-guerre, et, après l'achat des Handley Page HP W8b bimoteurs pour l'Europe, se dotera, en 1925, de HP W8f trimoteurs et de de Havilland DH50 pour la ligne congolaise. La technologie avance, lentement mais sûrement. Les nouveaux modèles ont le chauffage, pris sur l’échappement, en cabine et une meilleure insonorisation. Le poids plus important des 3 moteurs oblige à ramener le nombre de passagers à dix. Georges Nelis, le fondateur de l'aviation civile en Belgique, fait cette concession à incidence commerciale au profit de la sécurité. En matière de transports aériens, la sécurité est la raison même du succès.

Thieffry, un as de la force aérienne belge de 14-18, fut le premier aviateur à relier la Belgique au Congo en avion en 1925, au cours d'un périple de 51 jours dont 75 heures de vol effectif. Cet exploit a pu être réalisé grâce à l'appui inconditionnel du Roi Albert Ier, qui a garanti sur sa cassette personnelle le prix de l'avion de la Sabena en cas de perte de l'avion. Fortement opposée à cette tentative dès le départ, la Sabena est néanmoins parvenue à "récupérer" au maximum cet exploit mettant finalement à disposition un tout jeune pilote, fort doué, Léopold Roger et un mécanicien hors pair, Joseph (dit Jeff) De Bruycker. Une fois l'exploit réussi, la compagnie d'aviation belge fit tout pour exploiter cette ligne à des fins purement commerciales, mais dut attendre 1935 pour que la première liaison commerciale soit réalisée…

Avant la Seconde Guerre mondiale, elle étend sa flotte avec l’introduction du célèbre DC-3 Dakota. Toutefois, il faudra attendre la fin du conflit pour que ses activités reprennent et ce, dans le schéma d’une évolution très importante du transport aérien commercial. En sus de la généralisation des hôtesses à bord, la compagnie se dote de DC-4, DC-6 et DC-7 puis entre dans l’ère des moteurs à réaction avec le Boeing 707, suivi du Boeing 747 et du DC-10.

Depuis 1946, la compagnie nationale belge n’a cessé d’étendre son réseau sur les quatre continents, avec un accent particulier sur les liaisons africaines (Léopoldville-Kinshasa, Dakar, Entebbe, Douala, Kano, etc.) qui ont constitué sa marque de référence et une part très importante de son marché en plus de la ligne Bruxelles-New York. L’Asie restera toujours le maillon faible du réseau. À part Tokyo et l’Inde la compagnie n’a pas développé de réseau sur ce continent.

Toutefois, en dépit de ses nombreuses activités, la Sabena n’a jamais été une entreprise commerciale véritablement rentable. En dépit des nombreux efforts pour redresser la situation économique de la Sabena, en réalisant des coupes budgétaires et en termes de ressources humaines. Le 7 novembre 2001, la SABENA, la deuxième plus ancienne compagnie aérienne européenne, était mise en faillite.

Mais l'histoire de l'aviation belge ne s'est pas arrêtée avec sa faillite : malgré les inquiétudes et la reprise dans le giron d'Eurowings, Brussels Airlines devrait subsister et surtout la toute nouvelle compagnie Air Belgium ouvre de nouveaux horizons au départ de Charleroi...