Hercule Poirot d'Ellezelles aurait-il pu épargner le bûcher à l'une de ses concitoyennes prénommée Quintine ?

02/09/2020

Hercule Poirot d'Ellezelles aurait-il pu épargner le bûcher à l'une de ses concitoyennes prénommée Quintine ?

 

Préparez-vous bien si vous visitez ce village situé à la frontière linguistique dans le parc naturel du Pays des Collines, où le Hainaut côtoie les Ardennes flamandes. Venez surtout avec le bon état d’esprit, car le mystère est le mot clé ici.

 

Si vous êtes sous le charme de créatures fantasmagoriques, vous ne serez pas déçu de votre passage à Ellezelles. Depuis les façades, derrière les fenêtres, dans les jardinets au cœur du village, mais aussi dans les collines, les forêts, les prés et les champs environnants, vous vous sentirez constamment épiés par toutes sortes de créatures insolites. Sorcières, démons, gobelins, épouvantails, chauves-souris, nutons étranges, dragons, loups-garous, esprits de la forêt, Vert Bouc, monstres polycéphales et autres créatures hideuses et méfiantes aux intentions généralement malveillantes réveillent les peurs de notre enfance. La plupart de ces êtres sont nés de la main du peintre folklorique, sculpteur, auteur et folkloriste local Jacques Vandewattyne, mieux connu sous son nom d'artiste, Watkyne, véritable passionné de sorcellerie. Mais tous les événements et les références à ceux-ci trouvent leur racines dans des faits historiques. Des documents d'archives attestent qu'entre 1599 et 1640, plusieurs femmes d'Ellezelles furent brûlées sur le bûcher, soupçonnées de pactiser avec le diable et de bafouer la dignité divine et humaine. La plus jeune d'entre elles, Quintine dele Clisserie, âgée d'à peine 38 ans, subit ce triste sort en 1610. Les condamnées furent enchaînées durant un jour et une nuit à la colonne jouxtant l'église avant leur exécution à Lessines, toute proche.

 

Qui sait, la vraie Quintine aurait pu tirer parti du flair de détective d’un habitant fictif du village, Hercule Poirot, de 300 ans son cadet. Enfin, « fictif », c'est tout relatif car les habitants d'Ellezelles vous contrediraient certainement en vous renvoyant à son « acte de naissance » conservé à la Maison du Pays des Collines. En effet, le registre de l’état civil indique noir sur blanc la naissance le 1er avril 1850 d’un Hercule Jacques dans la famille de Jules Louis Poirot et de Godelieve Van Prei. La façade latérale de ce lieu d’accueil est même flanquée d'une statuette du célèbre détective chauve, impénétrable et flegmatique avec son chapeau melon et sa moustache cirée.

 

L'auteure britannique Agatha Christie (1890-1976) a fait appel aux qualités de notre compatriote pour résoudre des crimes dans ses nombreux romans policiers de type « whodunit ». On sait qu'elle s'est occupée des réfugiés belges durant la Première Guerre mondiale. Notre Hercule était-il alors un personnage « historique » ou l’amalgame de qualités qu'elle attribuait à ses protégés ? Le mystère reste entier, au grand dam, entre autres, des journalistes étrangers qui se sont rendus à Ellezelles à la recherche des racines de l'un des plus célèbres détectives du monde.

 

Nous connaissons donc la vérité, n'est-ce pas ? Examinons à présent les faits : Hercule est né le 1er avril, son nom de famille est Poirot, parfait homophone du mot « poireau », la traduction française de « Van Prei », le nom de jeune fille de sa mère flamande. II est donc Belge, certes, mais serait-il aussi bien réel ? Jugez donc par vous-même...