Domaine du château d’Alden Biesen, 800 ans d’histoire

14/07/2022

Le village de Rijkhoven, dans la commune limbourgeoise de Bilzen, abrite le vaste domaine du château d’Alden Biesen situé au cœur d’un écrin de verdure où se mêlent parcs, jardins et vergers haute tige uniques. Son origine remonte à 1190, au plus fort de la troisième croisade, l’une des expéditions en Terre sainte pour combattre l’Islam.

 

En 1190, des marchands originaires de Brême et de Lübeck, villes commerçantes au nord de l’Allemagne, érigent à Acre (ville de Palestine à l’époque, qui est aujourd’hui intégrée à l’État d’Israël) un hôpital de campagne pour soigner leurs compatriotes croisés malades ou blessés. Cette tâche sera confiée à des frères : la confrérie hospitalière du nom d’Ordre teutonique qui se fait alors connaître dans tout le monde chrétien, fervent sympathisant des croisades. En 1198, la confrérie est élevée à la dignité d’un ordre de chevalerie. Le but caritatif est certes maintenu, mais c’est surtout la défense manu militari de la foi chrétienne qui devient le nouvel idéal de cet ordre de chevaliers.

 

Essor, apogée et déclin d’Alden Biesen (13e-15e siècle) 

Les pouvoirs ecclésiastique et séculier de l’époque considérèrent les actions de l’Ordre teutonique et « virent que cela était bon ». Des chevaliers de nos régions participent eux aussi à la cinquième croisade en 1220, ce qui permet de populariser l’Ordre teutonique dans nos contrées. Partout en Europe, il reçoit divers privilèges, terres et demeures en cadeau. Les Pays-Bas lui offre également des paroisses, chapelles et hôpitaux. Parmi ces donations figure la chapelle de pèlerinage Notre-Dame et ses dépendances à Rijkhoven, situées dans un lieu où foisonnent des joncs. D’où le nom choisi pour cet endroit : Biesen (joncs en néerlandais). Le site devient la commanderie terrestre du bailliage (= province) éponyme, le quartier général pour ainsi dire, et compte douze commanderies subalternes dans les régions de la Meuse et du Rhin. Une résidence et un hôpital sont également construits sur le domaine. En 1361, l'Ordre teutonique quitte Biesen, peu sûr et humide, pour établir son nouveau siège à l’abri des remparts de la ville de Maastricht. Ce nouveau quartier général est baptisé Nieuwen Biesen tandis que Biesen est renommé Alden (= Ancien) Biesen et tombe en désuétude.

Nouvelle apogée et déclin d’Alden Biesen (16e-20e siècle)

À partir du 16e siècle, les commandants terrestres s’imposent comme de véritables gestionnaires du domaine. Les bâtiments qui subsistent encore aujourd’hui, pour la plupart dans le style Renaissance mosane, datent majoritairement des 16e et 17e siècles : le château à douves (qui servait de résidence d’été majestueuse), le clocher, l’avant-cour, le corps de ferme, l’hôpital, l’église baroque, la galerie avec ses colonnes à la Toscane, la conciergerie et sa tour, la maison du gardien, la Maison des Apôtres, l’orangerie, le manège et la grange dîmière. En 1786-1787, le domaine est agrémenté d’un jardin anglais. Ce joli parc paysager aménagé sur le flanc d’une colline se composait d’arbres majestueux et de buissons exotiques, d’une pelouse, de chemins sinueux, de plans d’eau et de pavillons appelés « folies » dont le temple romain de Minerve, un petit temple chinois, une grotte, une ruine et un ermitage.

À l’issue de la Révolution française, le domaine devient une propriété privée, se détériore sensiblement et, en 1971, le château à douves est dévasté par un incendie.

Alden Biesen renaît de ses cendres, dans toute sa splendeur (21e siècle)

Le domaine, désormais propriété des pouvoirs publics flamands, s’est converti en un centre au rayonnement européen où sont organisés des événements culturels et professionnels, des conventions, etc. Il a encore un bel avenir devant lui ! À noter : le domaine est accessible gratuitement tout au long de l’année.