Aujourd'hui, musée passionnant à Heuvelland, mais autrefois... bunker de commandement souterrain ultra-secret.

Entre 1952 et 1956, en pleine guerre froide, des travaux d'excavation et de construction ultra-secrets ont eu lieu sous le flanc sud du mont Kemmel, dans l'actuelle commune de Heuvelland, en Flandre occidentale. Le Benelux, la France et la Grande-Bretagne y ont construit sous le sol un poste de coordination pour un système de défense aérienne d'Europe occidentale. Aujourd'hui, c'est un musée d'histoire militaire.
Au 64 de la Lettingstraat, à Heuvelland, se dresse une banale maison rectangulaire en briques rouges avec un toit en bâtière tout aussi banal. Les environs respirent rusticité et tranquillité. Mais les apparences peuvent être trompeuses. Le bâtiment camoufle un vestige de la guerre froide, une position défensive destinée à prévenir une éventuelle menace ou attaque du bloc de l'Est. Le chantier étant complètement camouflé, il était pratiquement indécelable par les rares riverains. Les ouvriers n'avaient aucune idée de ce qu'ils construisaient réellement et étaient régulièrement remplacés. Même au quartier général de la Défense belge, presque personne n'était au courant du projet militaire. Ce qui s'est passé ici est resté mystérieux pendant des décennies. Jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989, le secret le mieux gardé de l'armée belge. Seuls les conduits de cheminée de la ventilation auraient pu mettre de téméraires limiers sur la piste d'une énigme souterraine...
La maisonnette servant de camouflage est construite au-dessus d'une trappe, qui donne accès, par des escaliers, au quartier central des opérations, situé 15 m plus bas, aux niveaux -1 et -2. C'était le centre névralgique du bunker de commandement, avec la grande salle des cartes. Depuis les salles de réunion et leurs bureaux situés autour du niveau -1, une vitrine en verre offrait au personnel des forces terrestres, navales et aériennes une vue claire sur ce cœur battant de la construction. Le bunker proprement dit mesure 30 x 30 m, a des murs de 3 m d'épaisseur et un toit flottant en béton de 1,15 à 2,90 m d'épaisseur. La couche de terre entre le toit et le bunker était censée amortir le choc en cas de bombardement. Et l'enveloppe en cuivre autour des parois extérieures protège contre les rayonnements électromagnétiques. Sont également présentes des installations techniques telles que deux générateurs diesel pour l'alimentation électrique, des brûleurs de chauffage, une ventilation d'air, un système de communication, un central téléphonique, des équipements télex, un service radio et un service postal militaire.
Pourtant, il n'a jamais été utilisé pour la défense aérienne
Au moment où le bunker a été achevé en 1956, l'OTAN avait déjà installé son propre système de défense. Le bunker du mont Kemmel s'avéra n'être pas sûr sur le plan NBC, c'est-à-dire ne pas résister à l'impact d'armes nucléaires, biologiques ou chimiques. De 1963 à 1995, il a servi de centre de commandement secret en cas de guerre ou de conflit et à des fins d'entraînement à grande échelle. En 2009, le Musée royal de l'Armée et d'Histoire militaire a transformé le bunker de commandement en un musée fascinant pour les jeunes et les moins jeunes.