Le peintre pour les cinémas Edmond Jamoulle est décédé à l'âge de 94 ans

16/07/2025

Ce nom ne vous dit probablement pas grand-chose. Il fut un temps où les calicots géants d'Edmond Jamoulle, des panneaux publicitaires peints, égayaient de nombreuses façades de cinéma à Bruxelles.

En fait, le champ d'activité de ce grand monsieur du cinéma belge mériterait une série d'articles à lui tout seul. Entre la Première Guerre mondiale et les années 1970, les Bruxellois avaient l'embarras du choix pour aller voir un film. Chaque quartier comptait un ou plusieurs cinémas réputés qui fonctionnaient généralement grâce aux efforts de papa au projecteur, de maman au guichet, d'une ouvreuse et des enfants pour toutes sortes de tâches.

Les choses prenaient donc souvent une tournure artisanale et décontractée. Les miroirs étaient utilisés comme des solutions miracles à des fins diverses. Certains garçons essayaient parfois d'utiliser un miroir pour répartir équitablement leur attention entre le film et leur petite amie. Les plus habiles retiraient ainsi un double avantage. Si vous aviez réussi à vous faufiler dans une séance interdite aux enfants, vous deviez faire attention à ne pas vous faire choper dans les rayons d'une lampe de poche et à ne pas vous faire jeter dehors parce que vous étiez trop jeune pour ce genre de divertissement. Ailleurs, un exploitant n'avait pas trouvé mieux que prolonger la salle derrière l'écran de projection, afin que les spectateurs puissent voir le film à l'envers. Mais pas de souci. Un homme allait alors simplement prendre place sur une chaise devant un miroir pour lire les légendes à tue-tête.

Entre 1950 et 2000, pendant pas moins de 50 ans, Edmond Jamoulle a brossé d'innombrables perles sur des panneaux accrochés à la façade du cinéma. Temporairement certes, car ils étaient rapidement enlevés et blanchis pour être réutilisés. Il n'était pas regardant quant à ses commandes : classiques, blockbusters, films de karaté ou pornos... Ses lieux de travail, généralement artistiques, ont disparu, ont été classés ou ont été transformés en ciné-clubs privés, salles de conférence, espaces événementiels, centres pour personnes âgées, supermarchés, boîtes de nuit... et j'en passe

Edmond Jamoulle est décédé le 20 juin 2025. Trois œuvres originales de sa main sont accrochées à la société de post-production Studio L'Equipe à Evere.