Belgicisme… Il habite à Houtsiplou

24/08/2021

Houtsiplou, tout comme son synonyme Macapète, exprime un lieu imaginaire reculé, un trou perdu, loin de toute civilisation, peuplé d'habitants incultes et illettrés. C'est donc en même temps nulle part et n'importe où. Il connaît des variantes un peu partout à travers le monde : Pamparigouste en Occitanie, Trou-en-Cambrousse ou Tataouine-les-Bains en France, Saint-Profond-des-Meumeu au Québec et bien d’autres dont il serait fastidieux d’allonger la liste.

Le terme est si commun au pays de Magritte que le chanteur populaire, Grand Jojo, lui a dédié la chanson «A Outsiplou» et il a même résonné dans le vénérable hémicycle du Parlement : «S’ils s'imaginent que parce que l'école de musique de Houtsiplou leur a décerné un prix avec distinction ou grande distinction, ils sont de grands artistes,...» (Séance du mardi 3 mars 1953 de la Chambre des représentants, Annales parlementaires de Belgique).

 

Ce nom évocateur vient du wallon « hoûte-s’i-ploût » (écoute s’il pleut). Et malgré tout ce qui en a été dit plus haut, l’endroit existe bel et bien! Il se trouve en province de Liège, sur le territoire de la commune de Neupré. Auparavant, on appelait l’endroit Pîrâpré. Comme le ru du moulin de Pîrâpré n’avait qu’un débit intermittent et qu’en été il était souvent à sec, le meunier inquiet éveillait parfois son fils au milieu de la nuit en lui lançant : hoûte s’i ploût !, c’est-à-dire, « écoute s’il pleut ! ».  Le meunier et son fils étaient loin d’imaginer que leur petit hameau devrait bientôt sa dénomination au surnom de leur moulin et allait les reléguer au bout du monde