Michaël Borremans, figuratif avec une forte touche d’aliénation
Photographe de formation, mais ayant opté pour le dessin et surtout pour la peinture de tableaux classiques contemporains à forte propension énigmatique.
Michaël Borremans a vu le jour en 1963 à Geraarsbergen. Il a étudié la photographie et la filmographie à la Haute Ecole des Arts et des Sciences Saint-Luc de Gand. Dans les années nonante, après avoir pesé le pour et le contre, il opte, à mi-chemin, pour le dessin et la peinture. Ce choix est plus proche de sa tendance à créer des œuvres d’art sans devoir nécessairement les exposer. Un petit trait antisocial comme il en convient lui-même. La photographie n’est cependant pas très loin. Il s’inspire de vieilles photos de personnes ou de paysages pour ses peintures.
Un collègue peintre le met en relation avec Jan Hoet : surnommé le “pape” des arts en Flandre , le protecteur des arts et conservateur actuel du musée d’art contemporain de la ville de Gand (SMAK). C’est à la galerie d’art anversoise Zeno X qu’il doit son accès à la célébrité internationale. Cette galerie avait déjà fait connaître le nom d’autres artistes belges; pensez à Luc Tuymans, pour n’en citer qu’un. Ces dix dernières années, il a exposé à travers le monde dans les musées les plus prestigieux et lors d’événements d’art contemporain de premier plan. C’est surtout aux Etats-Unis que son travail atteint la plus haute cote.
Pour cerner au mieux Michaël Borremans, on peut le décrire comme un artiste peintre de tendance figurative, qui donne un tour réaliste aux produits de son imagination. Disons une aliénation réfrénée. C’est ce qu’illustre bien une série de toiles de laquais, de 2010, qui sont suspendues dans le château royal de Laeken, à Bruxelles. Ils portent leur livrée rouge à l’envers, regardent avec des yeux énigmatiques et l’un des personnages semble se couper dans le doigt. Il s’agissait d’une commande de la souveraine de l’époque : la reine Paola. Le mystère est également prégnant dans sa toile On the Grind de 2017, une série d’hommes noirs en mouvement, des hip hopeurs rencontrés au hasard à un coin de rue et invités à se laisser photographier dans son studio. Ce sont ces photos qui sont à la base de l’œuvre d’art. Une fois de plus, le doute est exploité : dansent-ils ou se battent-ils? Le spectateur ne sait jamais qu’en penser.
Michaël Borremans est redevable aux Espagnols Diego Velasquez et Francisco de Goya pour sa technique. Comme eux, il parvient à représenter avec professionnalisme la vie et le mouvement dans ses toiles.
Une initiative artistique parallèle est la création de Borremans pour la pochette du CD Vantage Point de 2018 du célèbre groupe de rock anversois dEUS.
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