Jules-Marie Heymans
La ville de Louvain rend hommage à la femme qui a professionnalisé les soins infirmiers en Belgique : Maria Heymans, plus connue sous le nom de Sœur Jules-Marie Heymans. Elle a collaboré à la fondation de l'école des infirmières-monitrices, plus connue sous le nom de « l'école de Sœur Jules-Marie ».
Maria Heymans est née à Gand le 3 juillet 1897. Son père, Jan Frans, et ses deux frères aînés, Corneel et Paul, ont enseigné à la Rijksuniversiteit Gent (RUG). Son père y fut même le premier professeur de pharmacologie. Corneel a reçu le prix Nobel de médecine en 1938 et Paul occupa brièvement la fonction de ministre au cours de la même année.
En 1917, Maria décrocha son diplôme d'infirmière avec grande distinction chez les Sœurs de la Charité, une congrégation gantoise qui jouait un rôle de premier plan dans le secteur des soins de santé depuis le début du XIXe siècle. Toutefois, le père, Jan Frans, souhaitait que sa fille suive, à l'instar de ses fils, un parcours académique. À l'époque, ce choix était relativement progressiste. C'est avec autant de succès et d'aplomb que Maria décrocha en 1922 un diplôme de candidatures en sciences naturelles, puis en médecine à l'université de Gand. Entre-temps, elle était entrée chez les Sœurs de la Charité, prenant son nom de couvent, Jules-Marie, du nom de son frère Jules décédé. Elle a ensuite réalisé ses trois années de doctorat en médecine à l'Université catholique de Louvain (KUL), qui, contrairement à la RUG pluraliste, trouvait grâce aux yeux de sa congrégation. En 1926, elle était une des trois premières femmes et la première religieuse à décrocher le diplôme de médecine à la KUL.
Elle était donc diplômée en soins infirmiers et en médecine, mais n'a jamais exercé une de ces professions.
En dépit de son diplôme universitaire, Sœur Jules-Marie a fait carrière dans l'enseignement et la gestion. De 1926 à 1939, elle dirigea l'hôpital Sint-Vincentius et l'école d'infirmières des Sœurs de la Charité à Gand, qui y était associée. En octobre 1939, elle est nommée au poste de directrice de l'École normale universitaire pour infirmières-monitrices, qui vient d'ouvrir ses portes au Kapucijnenvoer à Louvain. Il s'agissait d'une initiative de l'épiscopat belge, qui souhaitait ajouter une formation supérieure de deux ans à la formation de trois ans déjà dispensée par la trentaine d'écoles catholiques d'infirmières en Belgique. Grâce à Jules-Marie, les élèves ont bénéficié, outre de cours portant sur la profession, de cours généraux, scientifiques et pédagogiques, notamment.
Cerise sur le gâteau
Cette école comptait quelque 400 étudiants, âgés pour la plupart de 26 à 32 ans, dont les deux tiers étaient des sœurs issues de 51 ordres monastiques différents. Une quarantaine provenait même de l'étranger. L'œuvre de sa vie, « l'école de Jules-Marie », une école modèle de niveau universitaire, était devenue réalité. En 1964, l'école a été intégrée au Centre des sciences hospitalières de la KUL, couronnant ainsi ses années de dévouement. Une plaque commémorative, un nom de rue et un livre sur sa vie et son œuvre lui ont été consacrés.
Jules-Marie Heymans est décédée le 31 mars 1986 à Lovenjoel.
Photo: Erfgoedhuis Zusters van Liefde