Ilya Prigogine, le Brusselator salué par le Prix Nobel de chimie
Prix Nobel de chimie en 1977 pour sa conception des « structures dissipatives » dans le domaine de la thermodynamique, Ilya Prigogine compte parmi les plus éminents scientifiques qu’ait connus la Belgique.
« La grande contribution de Prigogine à la théorie thermodynamique est son extension aux systèmes qui sont loin de l’équilibre », expliquait le Comité Nobel de l’Académie royale des Sciences de Suède. « Prigogine a démontré qu’une nouvelle forme de structures ordonnées pouvait exister dans de telles conditions. Il leur a donné le nom de structures dissipatives, pour souligner qu’elles n’existent qu’en conjonction avec leur environnement ».
Doté d’une grande ouverture d’esprit, il refusait de rester cloisonné dans un seul domaine du savoir. Il aimait d’ailleurs expliquer les multiples interactions qui régissent l’appréhension du monde par différentes disciplines en faisant une analogie avec son propre parcours de vie et son état d’esprit : Jeune émigré de Moscou d'origine juive, exilé en Allemagne puis en Belgique à Bruxelles en 1929, il veut comprendre comment on arrive à devoir fuir son propre pays. Il aborde la politique mais est contraint d'étudier le droit. Voulant comprendre le comportement d'un accusé, il étudie la psychologie. Pour comprendre clairement la psychologie et la science du comportement, il bute sur le fonctionnement du cerveau humain. Ainsi, il étudie la biologie, la chimie et enfin la biochimie. En poussant plus loin pour comprendre les interactions chimiques, il étudia la physique des particules. De la physique, il passe à l'astrophysique et à la cosmologie. Il aborde alors les questions fondamentales : la matière, le vide, le temps et son sens unique (la flèche du temps). Pour comprendre la flèche du temps, il doit étudier les structures dissipatives et créer le modèle du Brusselator.
Ilya Prigogine rejetait tout déterminisme dans les processus physiques. Il plaidait pour une représentation probabiliste générale laissant place à des exceptions phénoménologiques. « Les chemins de la nature ne peuvent être prévus avec certitude, la part d'accident est irréductible : la nature bifurquante est celle où de petites différences, des fluctuations insignifiantes, peuvent, si elles se produisent dans des circonstances opportunes, envahir tout le système, engendrer un régime de fonctionnement nouveau », expliquait-il.
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