Georges Nagelmackers, le père des trains de luxe
Georges Nagelmackers, né à Liège le 25 juin 1845, est un ingénieur civil et industriel belge créateur des grands trains de luxe européens et notamment du premier Orient-Express. Descendant de Pierre Nagelmackers, fondateur en 1747 de la plus ancienne banque belge, le petit Georges naît dans une famille richissime. La banque ne l’intéressant pas, il termine avec brio des études d’ingénieur civil. Ses amours contrariées seront à l’origine de sa carrière exceptionnelle. Son père décide d’envoyer son fils, amoureux-fou de sa cousine, à New York, afin de lui changer les idées. Ce voyage est le point de départ de sa carrière d'industriel. Durant la traversée, il rencontre Samuel Cunard, fondateur de la Cunard Line, et s’entretient avec lui sur les caractéristiques de l'accueil et du service aux clients sur les paquebots transatlantiques. Puis il sillonne le territoire américain en touriste durant de nombreux mois, s'intéressant aux trains de nuit mis en service par George Pullman, de la Pullman Company, mais aussi aux doléances des clients et notamment des femmes qui leur reprochent un manque d'intimité. Il prend des notes et réalise des croquis persuadé qu'il y a là une base pour améliorer le confort du transport ferroviaire pour les riches clients du vieux continent.
Fort de son expérience américaine décevante, ses idées directrices peuvent se résumer en trois mots : rapidité, luxe et confort. Il s’agira d’améliorer le transport ferroviaire encore très rudimentaire en permettant aux voyageurs fortunés de bénéficier à la fois du confort des wagons-lits et d’un luxe adapté à la mentalité européenne. Comme la Belgique est un pays minuscule, il songe bien sûr à un réseau international et indépendant par rapport aux lignes nationales existantes. En somme, il s’agit de créer un palace sur rail, reliant plusieurs capitales d’Europe entre-elles. En 1870 il présentera un projet qui ne retiendra pas l’attention qu’elle mérite en raison de la guerre franco-prussienne. Cette même année il obtiendra néanmoins une concession l’autorisant à faire circuler une voiture d’Ostende à Brindisi (sud de l’Italie). Deux ans plus tard, grâce à l’appui de Léopold II, il obtient un contrat pour la ligne Paris-Vienne. A partir de là il n’aura de cesse avant d’avoir couvert l’Europe de ses trains de rêve, malgré les obstacles politiques et techniques à surmonter. En 1876, il crée la «Compagnie Internationale des Wagons-Lits» (CIWL), tout en continuant à œuvrer à l’accroissement du confort des voyageurs : la voiture-restaurant date de 1882 et comporte deux salles à manger de 12 couverts, deux ans plus tard apparaît le wagon-salon, achevant de conférer à sa compagnie une réputation de luxe absolu.
Mais la véritable légende prend corps, le 4 octobre 1883 à Paris, lorsqu’une locomotive, un tendeur, deux wagons-lits, un wagon-restaurant et deux fourgons à bagages s’élancent vers Constantinople (Istanbul), la capitale de l’Empire ottoman, soit un périple de 3.000 km ! Et afin de garantir à ses passagers une continuité dans le luxe à leur descente de train, Georges Nagelmackers crée la «Compagnie Internationale des Grands Hôtels», dont fait partie le Pera Palace d’Istanbul.
Exténué, Georges Nagelmackers s’éteint, à l’âge de 60 ans, à Villepreux, près de Versailles.