François Walthéry, un dessinateur de haut vol
Le dessinateur et scénariste belge François Walthéry est né le 17 janvier 1946 à Argenteau, en région liégeoise. Dès son adolescence, le jeune homme s’est senti une vocation précoce pour le dessin, tant et si bien que son entourage le pousse à suivre des cours à l’Institut St Luc de Liège. Son adolescence, c’est aussi l’âge d’or de la BD belge, qui voit s’épanouir une foule de grands auteurs et leurs innombrables personnages.
Walthéry, lui, débute sa carrière avec deux géants, d’une part Peyo, le créateur de Johan et Pirlouit et des Schtroumpfs, d’autre part Will, illustrateur des couvertures de Spirou et de Tintin, dessinateur, entre autres, de Tif et Tondu. Devant le succès croissant de ses petits hommes bleus, Peyo cherche des collaborateurs pour le soulager dans sa tâche, c’est ainsi que Walthéry débute à bonne école dans les années ’60. Après quelques années de fructueux apprentissage, le jeune François est prêt à voler de ses propres ailes et se lance dans une création personnelle : Natacha. Cette jeune hôtesse de l’air, séduisante et espiègle, qui triomphe dans des aventures pleines de rebondissements et de suspense connaît le succès dès les années ’70. La plastique de l’héroïne emprunte à celle des beautés de l’époque : notamment à Dany Saval, qui tient le rôle d’une hôtesse d’Air France dans Boeing Boeing. Jusque-là les héroïnes féminines solos étaient rares. Elles existaient certes comme faire valoir ou personnages secondaires (ainsi la Castafiore dans Tintin) ou alors comme élément d’un binôme (Zo et Zette, Bob et Bobette...), mais ici il s’agit d’un personnage indépendant et principal. En 1974, Walthéry crée une nouvelle bande dessinée : Le Vieux bleu, qui relate les péripéties d’un colombophile et de son «champion». Jules ne rêve qu’à remporter le premier prix au concours d’Angoulême, tandis que son compagnon ailé lui prend ses aises, aime musarder, flâner, admirer le paysage, ne se rendant pas compte que chaque minute compte et rend ainsi son maître complètement chèvre. Cette aventure a été traduite en wallon liégeois (sous le titre Li Vî Bleû) et a remporté un succès que ni l’éditeur ni l’auteur n’avaient imaginé (le plus fort tirage de tous les temps d'un livre en wallon), on estime que cette parution a contribué à relancer l’intérêt pour cette langue régionale. Les deux compères de BD ont même été statufiés, ils ont leur sculpture à Cheratte, une commune de Visé. Autre témoignage de l’attachement à son terroir, en 1988, Walthéry publie un album dédié au plus liégeois de tous les héros : Tchantchès, un personnage directement issu du folklore régional. Quelques mois plus tard, c’est Le p’tit bout d’chique, un gamin entraîné dans de multiples mésaventures, qui voit le jour. Il supervise également la série "Rubine", une séduisante femme-flic, dessinée depuis 1993 pour les éditions du Lombard.
En 2015, il obtient le Grand Prix Saint-Michel, pour l'ensemble de son oeuvre et un an plus tard c'est au tour du Grand Prix Diagonal du jury (devenu depuis 2019 le prix Rossel de la bande dessinée )de le récompenser.