Felix Timmermans, un écrivain surprenant aux multiples facettes
Il a abordé une grande variété de thèmes dans ses quelques 50 publications se présentant sous forme de recueils. Avec sa prose créative, il pose son regard sur tout ce qui se passe, que cela soit sur, dans ou entre ciel et terre.
Felix Timmermans, né et décédé à Lierre (près d’Anvers) est surtout connu pour Pallieter (1916), dont le personnage principal du même nom qui crie sa joie de vivre là où la région sablonneuse du Brabant se transforme progressivement en argile. Le profil exubérant de ce héros populaire, a projeté son aura païenne bien au-delà de la Flandre et a été salué comme la figure incarnant au mieux l'attitude flamande vis-à-vis de l’existence qu’on associait à l’écrivain lui-même. De façon tout à fait caricaturale bien sûr ! D'ailleurs, Timmermans s'est opposé avec virulence à cette idée préconçue. Il disait de lui-même que "contrairement à son Pallieter, il était calme et rarement enthousiaste, aucunement casse-cou, nullement un patineur doué, tout comme il ne vivait pas dehors, ne montait pas à cheval et n'embrassait pas du tout les arbres avec plaisir". En réalité, au travers de l'ode de Pallieter, Timmermans fait écho à la pleine conscience qu’il a atteint par rapport au trouble mental profond, conjugué à une grave maladie, qui l’accabla durant une grande partie de son adolescence. Ce n'est pas un hasard si, à cette époque, il publie son recueil de romans intitulé « Le crépuscule de la mort » (1910). Il couche aussi sur papier ses premières proses avec « De lijkbidder » (Le corbillard), « Het zevende graf « (La septième tombe), « De witte vaas » (Le vase blanc), « Het ongekende » et surtout le très oppressant « De kelder » (La cave), qui s’inscrit dans le sillage de grands maîtres du genre tels qu’Edgar Allan Poe et Jean Ray.
Deux ans plus tard, dans « De zeer schone uren van juffrouw Symforosa, begijntjen » (Les très belles heures de Mlle Symforosa, béguine 1918), Timmermans esquisse avec beaucoup de ferveur la dévotion populaire qui prévaut à l'isolement mondain du Béguinage de Lierre. Avec beaucoup de délicatesse poétique, il expose l'idylle inachevée entre la jeune béguine Symforosa et un simple jardinier puis le moine Martienus.
Felix Timmermans n'était ni mystique, ni penseur, ni conteur superficiel, ni même réaliste, mais encore moins fantasque. Certainement pas un fin linguiste, mais incontestablement un virtuose au style hors du commun. Ses erreurs grammaticales et ses maladresses syntaxiques sont amplement compensées par une étonnante puissance picturale, reflétant bien ses perceptions sensorielles très pointues. Ses lecteurs ne s’y trompent pas et tombent sous le charme de son univers fait de simplicité et de silence, d'images, de comparaisons frappantes, de regards originaux, de personnifications saisissantes...
Considéré comme un grand écrivain pour la qualité de sa prose avant tout, Felix Timmermans a pourtant commencé et terminé sa carrière artistique en s’adonnant à la poésie. Il a aussi fait couler sa prose dans des textes destinés à des pièces de théâtre populaires, s'est fait connaître à l'étranger grâce à ses tournées causeries, s'est exercé avec succès à la peinture et au graphisme et s'est montré l'illustrateur de rêve de sa propre œuvre.
Felix Timmermans a été traduit en bulgare, chinois, tchèque, danois, néerlandais, anglais, espéranto, finnois, français, hébreu, hindi, hongrois, italien, japonais, letton, lituanien, norvégien, polonais, portugais, roumain, russe, serbo-croate, slovaque, espagnol, Afrikaner et suédois.
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