Emilie Dequenne se coule dans ses personnages
L’actrice belge Emilie Dequenne est née le 29 août 1981 à Belœil, dans la province de Hainaut. Cette lauréate de plusieurs récompenses, dont deux au Festival de Cannes et deux Magritte a été révélée, en 1999, en interprétant le rôle principal et éponyme du drame Rosetta, un film des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne.
C’est donc à 18 ans, que répondant à une annonce dans un journal, elle se rend au casting de Rosetta aussi déterminée que le personnage, elle décroche le rôle-titre, parmi 2 000 concurrentes. Son rôle d'une jeune femme opiniâtre et prête à tout pour obtenir puis conserver un emploi lui vaut un Prix d'interprétation au Festival de Cannes de 1999.
Dès son deuxième long métrage en 2001, Emilie Dequenne change totalement de registre en incarnant l'héritière Marianne de Morangias dans le film d'aventures Le pacte des loups, signé Christophe Gans. Elle campe pour Claude Berri une femme de ménage qui illumine le quotidien du bougon Bacri (2002). Pleine de fraîcheur, l'actrice, loin de l'univers âpre des Dardenne, s'illustre désormais dans la comédie (Mariées mais pas trop) et joue volontiers les séductrices (comme dans l'Equipier, un mélodrame de Philippe Lioret en 2004).
En 2012, dans A perdre la raison, de Joachim Lafosse, Emilie retrouve un rôle à la Rosetta en incarnant Murielle, cette maman qui égorge ses cinq enfants avec un couteau. Le film s'inspire d'une histoire qui a bouleversé la Belgique entière, celle de Geneviève Lhermitte, la quintuple infanticide de Nivelles. Ce long métrage obtiendra un palmarès époustouflant : meilleur film, réalisateur, montage, meilleure comédienne (Magritte, 2013), meilleure actrice (Cannes 2012) et nomination aux César 2013.
Quatre ans plus tard, elle campe le personnage principal de Chez nous, de Lucas Belvaux, un film polémique qui analyse le fonctionnement de l’étrange et l’inquiétante fascination qu’exercent les partis d’extrême droite sur les électeurs.
Ce que révèle avant tout la quarantaine de films de sa carrière c’est sa faculté, commune aux caméléons et aux transformistes, de se couler dans ses personnages.
Aujourd’hui Emilie Duquenne est aussi la marraine de la « belge collection », première édition d’une série de courts-métrages mettant en avant les jeunes comédiens belges et qui sera présentée au FIFF de Namur.
Enfin, l’année dernière, dans une œuvre où Emmanuel Mouret croque avec bienveillance les faiblesses, hésitations et mensonges de nos oscillations amoureuses, Emilie, pudique et bouleversante, incarne Louise qui se réinvente une dignité dans le rôle de l’épouse trompée. Une interprétation magistrale, qui lui vaut, en mars 2021, le César du meilleur second rôle pour ce film ’Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait’.
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