Éliane Vogel-Polsky, une militante féministe
Éliane Vogel-Polsky est née le 5 juillet à Gand dans une famille juive d’origine russe. En 1938, la famille s’installe à Bruxelles et la jeune fille entame des études secondaires classiques au Lycée Émile Jacqmain. Elle obtient son diplôme de docteur en droit en juillet 1950, à l’ULB et s’inscrit au barreau de Bruxelles. En 1952, elle épouse l’avocat André Albert Vogel dont elle aura rapidement trois fils.
C’est Léon-Éli Troclet, dont elle suit les cours à l’Institut du Travail, qui suscite sa passion pour le droit social. En moins de sept ans, elle décroche trois licences spéciales : droit social international, droit social comparé et droit social communautaire, qui dessinent désormais le contour de ses préoccupations. Mais c’est très précisément en 1966 que le militantisme féministe d’Éliane Vogel-Polsky a pris naissance : il surgit du choc qu’elle éprouve en découvrant la réalité quotidienne des ouvrières de la Fabrique Nationale d’Armes à Herstal, et leur détermination lors de la grève qu’elles mènent pendant plusieurs semaines. Les femmes bloquant la FN ont des revendications très claires : elles désirent une application du principe « à travail égal, salaire égal » prévu par l’article 119 du traité de Rome. Plus tard, tout en poursuivant une carrière d’enseignante universitaire, ses fonctions au CNSDS (Centre national de sociologie du droit social) l’amènent également à diriger de nombreux travaux, à la demande du gouvernement belge mais aussi d’instances internationales comme l’Organisation internationale du travail, la Commission des Communautés européennes, le Conseil de l’Europe.
Éliane Vogel-Polsky devient également célèbre en défendant Mme Defrenne, une employée licenciée à cause de son âge par la compagnie aérienne Sabena. Le combat mené par Éliane se solde par un immense succès, après 8 années de plaidoiries, la Cour de Justice de l’Union Européenne rend un arrêt historique dans laquelle elle déclare, d’une part, que l’article 119 devient invocable par les juridictions nationales et, d’autre part, reconnait l’égalité homme-femme comme un principe fondateur du droit européen.
En 1992, elle rejoint un réseau qui se nomme « femmes et prise de décisions », qui va créer le nouveau concept de démocratie paritaire. La première manifestation de ce réseau se déroulera à Athènes, lors d’un sommet qui aura un impact considérable. De nombreuses femmes politiques ont signé la déclaration d’Athènes, déclaration qui était plutôt d’ordre idéologique, et décident par la suite de s’engager dans leurs gouvernements respectifs afin de faire progresser la cause de la démocratie paritaire.
Éliane rédigera aussi une charte pour l’égalité des genres dans la vie locale, en vigueur dans plus de 2.000 villes européennes. Elle s’éteint à Bruxelles, le 13 novembre 2015, après une vie consacrée à la justice et à l’égalité.
Photo © Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (IEFH)