Quand Stanislas-André Steeman inspire Clouzot
Né à Liège le 23 janvier 1908, Stanislas-André Steeman est un est un écrivain et illustrateur belge d'expression française. Peu d’auteurs de romans policiers peuvent se targuer d’avoir vu une douzaine de leurs titres portés à l'écran. C’est Henri-Georges Clouzot qui est le meilleur adaptateur de ses livres avec «Le dernier des six» (adapté des «Six hommes morts»), «L’assassin habite au 21» et «Quai des orfèvres» (tiré du livre «Légitime défense»).
Entre 1928 et 1933, Steeman travaille comme journaliste à «La Nation belge». Avec un confrère de son journal, Sintair, pseudonyme de Herman Sartini, il écrit un pastiche de roman policier, «Le Mystère du zoo d'Anvers» (1928). Ensuite, ils écrivent quatre autres romans ensemble, puis Sintair s'arrête, alors que Steeman continue d'écrire seul. En 1931, il reçoit le prix du roman d'aventures pour «Six hommes morts». C'est le premier roman où apparaît son héros, Wenceslas Vorobeïtchik, alias Monsieur Wens. L'apogée de sa carrière arrive en 1939 avec la publication de «L'assassin habite au 21». C’est l’histoire d’un tueur en série londonien que la police ne parvient pas à identifier mais qu’elle soupçonne d’être l’un des pensionnaires d’une pension de famille située au 21 Russell Square, hélas chaque fois qu’un suspect est arrêté un nouveau crime est commis, renvoyant ainsi les enquêteurs à la case départ. Dans sa transposition cinématographique l’intrigue se situe à Paris, la pension se nomme «Les Mimosas» ayant pour adresse le 21 avenue Junot à Montmartre et les noms des protagonistes sont français. En 1994, ce roman a également été décliné sous forme de bande dessinée avec un scénario d'André-Paul Duchâteau et des dessins de Xavier Musquera.
Des adaptations d’autres œuvres sortiront au cinéma dans les années cinquante et le début des années soixante, notamment : «Brelan d'as» d'Henri Verneuil en 1952, qui adapte une partie du roman «Six hommes morts», «Dortoir des grandes» d'Henri Decoin, adapté de «Dix-huit fantômes», en 1953 et «Que personne ne sorte» d'Yvan Govar, adapté de «Six Hommes à tuer», en 1962. Trois romans de l’écrivain liégeois ont également été adaptés pour la télévision : «L'Ennemi sans visage» de Teff Erhat adapté du roman éponyme, en 1970, «Les Grands Détectives» de Jacques Nahum, adapté de «Six Hommes à tuer», en 1975 et «Le Charme brumeux du crime» de Jacques Bourton, adapté de «Le Trajet de la foudre», en 1994.
Nous rapportons pour l’anecdote que les critiques français l'ont surnommé le «Simenon belge», oubliant que les deux auteurs étaient des fils de la Cité ardente, Liège.
Stanislas-André Steeman, qui est décédé à Menton le 15 décembre 1970 (à 62 ans), a été choisi comme un des Cents Wallons du siècle par l'Institut Jules Destrée, en 1995, et un centre spécialisé en paralittératures, à Chaudfontaine, porte son nom.