Gustave Serrurier-Bovy, précurseur du modernisme

Architecte et industriel, facteur de meubles et décorateur, Gustave Serrurier-Bovy est certainement le Wallon le plus significatif et le plus représentatif de l’Art nouveau. Né à Liège en 1858, Il effectue ses études d’architecture à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale. En 1884, il épouse une commerçante, Maria Bovy. Après avoir exercé l'architecture jusqu'en 1888, à Liège, il se tourne vers le commerce des meubles. Dans un premier temps, il s’implique dans l’entreprise de son épouse - un commerce qui importe notamment des objets d’Extrême Orient - et offre à la clientèle des meubles, des objets et de la décoration provenant de Grande-Bretagne. Dès 1893, il se lance dans ses propres créations de meubles, après un séjour en Angleterre où il s’intéressera au mouvement «Arts and Crafts» (arts et artisanats). En 1894, il connaît immédiatement le succès lorsqu’il présente un cabinet de travail à l'Exposition de la Libre Esthétique à Bruxelles. En 1900, il ouvre la boutique «l'Art dans l'Habitation» à Paris, rue de Tocqueville. La même année, il réalise avec son associé parisien, René Dulong, le Pavillon Bleu à l'Exposition Universelle de la capitale française.

Idéaliste, Serrurier est un fervent défenseur de l’idée de la beauté à la portée de tous, ce qui l’amène à se détourner de la production artisanale au profit de la production industrielle. Ainsi, il crée, pour les logements sociaux construits à l'occasion de l'exposition de Liège, en 1905, un mobilier d'ouvrier qui enthousiasme les leaders du Parti ouvrier belge.

Parmi ses réalisations architecturales il faut souligner la restauration du château de la Cheyrelle, situé à Dienne, dans le Cantal, en collaboration avec René Dulong, où les deux hommes mettront en application, avec une grande liberté, les principes avant-gardistes et visionnaires de l’époque. Il a également construit, en 1903, sa demeure privée, la Villa Aube, sur les hauteurs sud de Liège, dans le quartier de Cointe, qui constitue l’un des fleurons de l’Art nouveau à Liège. Mais les créations du Liégeois ne se limitent pas à la Belgique ni même à l’Europe. En 1908, il bondit par-dessus l’Atlantique pour décorer une grande villa de style normand, propriété de la richissime famille argentine d'origine basque Ortiz-Basualdo, à Mar del Plata, en Argentine. C’est parce que l’architecte avait conquis Paris où un membre de la famille Ortiz-Basualdo admira son mobilier dans une succursale du boulevard Haussman, qu’il fut invité à décorer cette habitation, qui comporte dix suites, quatre chambres et une salle à manger pour 25 personnes. Mobilier, lambris, luminaires, fresques... tout fut conçu et fabriqué à Liège, envoyé par bateau en Amérique du Sud,  ensuite monté par un contremaître et des ouvriers liégeois; cette décoration présente des similitudes avec la villa de Cointe.

C’est à l’exposition de Bruxelles de 1910 que Gustave Serrurier-Bovy montre ce que seront ses dernières créations. Celles-ci témoignent d’une nouvelle esthétique, plus simple, plus géométrique - loin des courbes des œuvres antérieures. Serrurier décède subitement, à l’âge de 52 ans, d’une crise cardiaque, en novembre 1910.

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