Entre clown et paillettes, Music-Hall et comédie, en passant par le cinéma, la danse, l'opérette, séduisant des générations entières, elle démontre depuis toujours que la volonté, le dynamisme et la joie d'exercer son métier, sont les seules garanties de le faire bien.
Léonie Juliana Cooreman, le vrai nom d’Annie Cordy, chanteuse, meneuse de revue et actrice belge, est née à Laeken, l’une des 19 communes bruxelloises, le 16 juin 1928.
À 8 ans, sa mère l'inscrit à un cours de danse. Elle apprend le piano et le solfège, tout en poursuivant ses études, puis participe à des galas de bienfaisance. Entre les numéros dansés, elle chante les succès du moment. Très vite tout s'enchaîne, radio-crochets, concours et bientôt débuts au "bœuf sur le toit", à Bruxelles... Aussitôt remarquée par le directeur artistique du Lido, qui réussit à la convaincre de quitter sa ville natale, Annie Cordy débarque à Paris, le 1er mai 1950, engagée comme meneuse de revue. En 1951, elle rencontre celui qui deviendra son mari et manager, François-Henri Bruneau dit « Bruno », qu'elle épousera le 3 février 1958.
En 1952, elle élargit son registre artistique en rejoignant Bourvil et Georges Guétary sur ‘La Route Fleurie ». Accompagnant sur scène les plus grands interprètes tels que Louis De Funès ou Henri Salvador, elle continue l'opérette, tout en enregistrant parallèlement ses premiers titres personnels : Fleur Papillon, Léon… Ses efforts et son enthousiasme se voient vite couronnés de succès, elle reçoit le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros, et chante pour les fiançailles de Grace Kelly et du prince Rainier de Monaco.
La chanteuse était vouée à une carrière internationale, elle était invitée aux États-Unis dans de nombreuses salles de concert, et une opportunité de comédie musicale lui était parvenue. Mais par amour pour son mari, elle renoncera à l'Amérique, ce dernier ne souhaitant pas y vivre. Annie Cordy continue, entre les années 1960 et 1980, à se produire sur scène dans de nombreuses opérettes, Annie Cordy en Deux Actes et 32 tableaux, Nini la Chance… et enregistre des tubes qui deviendront des classiques de la chanson française : Tata Yoyo, La bonne du curé, Viens prendre un verre, Cho Ka Ka O, …
Mais « La bonne du curé » c’est aussi le cinéma. En 1969, Annie Cordy tourne « Le Passager de la pluie » sous la direction de René Clément, où elle dévoile un talent dramatique, qui sera confirmé dans « Le Chat », en 1971, aux côtés de Jean Gabin et Simone Signoret, mais aussi dans un rôle dramatique aux côtés de Mort Schuman dans « Rue Haute », qui lui vaut l’Award de la meilleure comédienne en 1976, et « Un été après l'autre », en 1989.
Elle apparaît également dans plusieurs films populaires, tels que « Elle court, elle court la banlieue » en 1973, « La Vengeance d'une blonde » en 1994, « Madame Édouard » en 2004, « Disco » en 2008 et « Le crime est notre affaire » en 2008. Au total, 19 de ces films ont dépassé le million d'entrées en France.
Le 14 janvier 2015 sort le film « Les Souvenirs », de Jean-Paul Rouve, où Annie Cordy tient le rôle principal, aux côtés de Mathieu Spinosi, Michel Blanc, Chantal Lauby et Audrey Lamy. Les critiques sont unanimes pour souligner la performance de l’actrice.
Le 18 mai 2016, pour la première fois, elle monte les marches du Festival de Cannes pour un film dans lequel elle joue, à l'occasion de la projection du film « Le Cancre », aux côtés de Paul Vecchiali, Catherine Deneuve et Mathieu Amalric.
Durant les années 70 et 80, elle est l'une des invitées les plus récurrentes des plateaux télés, comme ceux des Carpentier, de Danièle Gilbert ou de Michel Drucker.
Dans ces émissions, elle aura fait des duos avec la majorité des vedettes de l'époque, tels que Sacha Distel, Dalida, Petula Clark, Sheila, Jacques Dutronc, Danièle Gilbert, Mireille Mathieu, ou encore Julio Iglesias et Enrico Macias...
Annie Cordy a également inspiré plusieurs personnages de BD parmi lesquels le plus connu est sans doute celui de Nicotine, dans « Astérix chez les Belges ».
A l’occasion de ses 90 ans, elle assiste, en costume d’époque, à l’édition 2018 de la manifestation de l’Ommegang (reconstitution historique de l'entrée de l'empereur Charles V et son fils Philippe II à Bruxelles en 1549), sur la Grand-Place de Bruxelles. La même année, un parc situé à Laeken, sa commune natale, accueille une fresque en hommage à l’artiste et porte aussi son nom. Sa dernière apparition publique date du mois de mars 2020, sur les réseaux sociaux. Elle interprète son succès « ça ira mieux demain », avec d’autres artistes belges, en pleine crise du Covid.
La célèbre chanteuse est décédée vendredi 4 septembre 2020 à 92 ans. Elle laissera un vide immense dans le cœur de tous ses compatriotes et de ses nombreux admirateurs.
Photo : © Nationaal Archief - Jac. de Nijs / Anefo